Les différents formats de projection d’Interstellar (et petit résumé des techniques de projection)

C’est avant tout une image qui est sortie sur les Internets quelques jours avant l’arrivée d’Interstellar. Je ne sais pas exactement d’où elle vient, mais elle est sensée résumer les différents formats de projection disponibles pour le dernier film de Christopher Nolan, dans l’ordre de préférence du réalisateur. On notera que tous les formats y sont présentés de façon positive, avec leurs qualités mais sans leurs défauts :

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Après ça, après aussi avoir vu plusieurs fois Interstellar dans des formats différents (35 et 70 mm), et suite à une discussion avec un ami, je vous propose un autre résumé, en Français, avec des mots simples, les miens, et un classement personnel, le mien également.

Juste une mise au point

Avant toutes choses, tentons un résumé de la situation, forcément simplifié et comportant probablement des erreurs de débutant. Si ça vous gonfle, sautez directement les deux prochains chapitres, je comprendrai (mais vous resterez un ignare, c’est vous qui voyez).

Depuis la nuit des temps les salles de cinéma traditionnelles étaient équipées de projecteurs « 35 mm ». Ça veut simplement dire qu’ils utilisaient des pellicules dont la largeur faisait 35 mm. 35 mm d’un bord à l’autre, entre lesquels on trouve la partie centrale avec les photos, la piste son à côté, et sur les bords les trous (perforations) nécessaires pour faire défiler la pellicule dans le projecteur. C’est exactement comme une pellicule d’appareil photo, sauf qu’on y fait un petit peu de place pour la bande-son, et qu’on prend beaucoup de photos : 24 par seconde. Et que la pellicule défile à la verticale (ça me semble plus simple à dérouler).

Dans le même temps, d’autres formats ont été inventés. Notamment des plus petits, qui forcément coutaient moins cher : je citerai le 16 mm qui a souvent été utilisé pour tourner des fictions de télévision (Julie Lescaut !), et le 8 mm qui tient dans de (relativement) toutes petites caméras qu’ont même pu s’offrir des particuliers.

Et un plus grand : le 70 mm. Une pellicule de 7 centimètres de large, pour une image deux fois plus grande, et donc contenant bien plus d’informations : soit une image bien mieux définie, plus fine, avec moins de grain. C’est très intéressant pour les très grands écrans qui équipent certaines salles de cinéma. C’est aussi très exaltant pour montrer plus de détails, par exemple les détails d’un vaisseau spatial ou un paysage lointain : les concepteurs de maquettes, les directeurs photo et les réalisateurs peuvent être excités à l’idée de faire des films encore plus beaux.

Le résultat est concluant, mais forcément plus onéreux. Seuls les films à grand spectacle sortiront en 70 mm, comme Ben-Hur, Lawrence d’Arabie, 2001 : l’odyssée de l’espace, Playtime de Jacques Tati (!), … De grands cinémas s’équipent mais le 70 mm ne parviendra pas à remplacer le 35 mm, l’économie de l’industrie s’est équilibrée autour de ce format.

Dans les années 70 des gens s’attelleront à créer un format encore plus grand, pour projeter sur des écrans gigantesques : ils reprendront la pellicule 70 mm mais la ferons défiler à l’horizontal pour laisser plus de place à l’image. Bref, une Image MAXimum : voici venu l’IMAX. Avec son défilement horizontal il nécessite de nouvelles caméras, qui plus est extrêmement bruyantes. Pour projeter sur des écrans véritablement gigantesques, il nécessite également de nouveaux projecteurs surdimentionnés, de l’ampoule à l’objectif. Et comme chaque image prend plus de place, un film nécessite plus de pellicule, il est donc encore plus cher. N’en jetez plus, mais je le fais quand-même : la place n’est pas extensible à l’infini dans une caméra, donc plus chaque image prend de la place, plus il faut la recharger souvent avec une bobine neuve, on enregistre beaucoup moins de minutes par bobine IMAX. Pareil à la diffusion, les bobines prennent beaucoup plus de place. Tous ces inconvénients limiteront l’IMAX à des documentaires de 45 minutes avant de quasiment sombrer dans l’oubli, à cause de son mauvais rapport coût de tournage + limitations techniques / nombre de salles + peu d’intérêt des spectateurs pour les bébés pandas.

Le 35 mm avait donc encore de beaux jours devant lui.

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Petite collection personnelle de morceaux de pellicule glanés de ci, de là.
La différence de taille entre les formats est explicite. Cliquez pour agrandir.

Dans les années 1990 le cinéma met très timidement un petit orteil dans le numérique, le binaire, les zéros et les uns partout : certains réalisateurs décident de filmer avec des camescopes numériques. Les studios numérisent certaines séquences de films pour y ajouter des effets spéciaux créés sur ordinateur (Terminator 2, Jurassic park, …), mais ces scènes truquées sont ensuite réimprimées sur pellicule. Et dans le même temps, à domicile, la VHS est remplacée par le DVD. Puis les particuliers commencent à pouvoir s’acheter des vidéo-projecteurs pour créer leur petite salle de cinéma et j’insiste sur le mot « petite » : on ne sait pas encore fabriquer de vidéo-projecteurs capables de projeter des images suffisamment fines pour être belles sur un écran de cinéma. Le 35 mm reste la norme. Depuis la nuit des temps…

…jusqu’aux années 2000. Jusqu’à un beau jour de décembre 2009 précisément. Il y avait de la neige, du soleil, et Avatar sortait au cinéma dans un procédé qui n’avait (lui non-plus) jamais réussi à percer : le relief. Sans détailler, son coût et son rendu plutôt approximatif le cantonnait jusque là aux parcs d’attractions et musées qui pouvaient se permettre l’effort, pour des films ludiques de quelques minutes.

Dans le même temps les fabricants de projecteurs numériques font de beaux progrès et le Landerneau cinématographique a déjà créé des normes pour faire entrer le numérique dans les salles de cinéma. Ces projecteurs numériques offrent également de nouvelles perspectives pour le relief, fonctionnants de façon totalement différente. Mais faire changer une industrie qui a fort peu évolué depuis une centaine d’années ne se fait pas en un jour. Les films à sortir en relief sont encore rares et, bien sûr, les exploitants rechignent [petite pique gratuite] surtout UGC [/petite pique gratuite] à changer des projecteurs qui marchent très bien depuis des dizaines d’années pour des bidules high-tech qui nécessitent de réapprendre le métier et d’adapter toute la régie, voir le cinéma (vous vous souvenez quand votre box internet et son boitier télé assorti ne voulaient pas se parler ? Vous avez songé à faire des trous dans les murs et à tirer des câbles réseau à travers votre vielle maison. Alors vous avez abandonné. Ben là c’est un peu le même bordel).

Faire bouger tout ce beau monde ne pouvait se faire en un jour, disais-je. Sauf… par l’intervention d’un homme, d’un seul : James Cameron. L’homme qui non content de vous tenir en haleine pendant 3 heures avec l’histoire du Titanic que tout le monde connait, se paye le luxe de vous la re-décrire très précisément, animation à l’appui, dès les premières minutes du film pour être bien sûr que vous sachiez tout de ce qui va arriver. Un génie. L’homme qui peut se permettre de créer, pour un parc d’attractions, le film le plus cher de l’histoire. Avatar en relief est un tel succès que tout les exploitants veulent leur projecteur numérique. Et tous les producteurs veulent leur film en relief. L’offre explose, les exploitant adaptent de plus en plus de salles pour pouvoir tout diffuser. Et réalisent les avantages du numérique : plus de bobines à gérer, les films arrivent sur disque dur qu’il suffit de brancher une fois à un ordinateur, voir encore plus simplement, en téléchargement. Plus de projectionniste ! C’est bien sûr une grosse connerie du point de vue de la qualité des séances, mais dans un monde où le coût financier a toujours été le principal frein, se passer de projectionniste en arguant qu’il suffit d’un clic de souris pour programmer une semaine de projections tout automatique fu irrésistible. Du coup il n’a fallu que quelques mois pour que la quasi-totalité des salles de cinéma d’Europe, des USA et des restes du Monde libre passe au numérique, même pour la 2D. Les cinéastes (et leurs producteurs) ont aussi été séduits par les caméras numériques qui ont évolué dans le même temps, avec le même constat : moins de pellicule et plus d’instantanéité = des coûts réduits.

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Un projecteur numérique de cinéma, avec un équipement spécifique pour le relief placé devant l’objectif. Source : Leonis Cinema.

Quand à IMAX, ils ont senti l’opportunité et sont eux aussi passés au numérique : ça s’appelle tout simplement IMAX Digital et ça a remporté son petit succès.

Christopher Nolan, le chevalier blanc

Dis comme ça, tout est merveilleux. Le numérique a atteint un seuil de maturité lui permettant de remplacer le 35 mm en apportant beaucoup d’avantages. Hélas, non : après avoir immobilisé la qualité d’image, l’argent l’a faite régresser.

Comme un écran d’ordinateur, un projecteur numérique affiche une image composée de pixels, des points. Mais là où, en toute logique, plus votre écran d’ordinateur est grand, plus il comporte de pixels (pour couvrir tout l’écran), au cinéma les projecteurs évoluent bien plus lentement. Le cinéma numérique a percé à une époque où les projecteurs étaient capables d’afficher 2 048 x 1 080 pixels, ce qu’on appelle « 2K », référence aux 2 048 colonnes de pixels. (nota : félicitations, vous venez de traverser la phrase la plus chiante de l’article). Ce nombre de pixels est devenu la norme. On ne pouvait pas faire mieux à l’époque, et comme il « fallait » passer au numérique, tout le monde l’a adopté, de gré ou de force. Sauf que si ce nombre de pixels est suffisant sur les tout petits écrans, ceux qu’on trouve en général dans les petits cinémas d’art & essai, il devient limite dans les salles de bonne taille et crée en toute logique une image dégueulasse dans les grandes salles : les derniers rangs ne s’apercevrons surement de rien, mais plus on s’approche de l’écran, plus l’image manquera de détail. On voit les pixels. Si l’écran est plus grand mais qu’on garde le même nombre de pixels, ils sont forcément plus gros. Exactement comme quand vous zoomez trop sur vos photos de vacances.

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En vert, la résolution de votre télévision.
En orange, la résolution d’un projecteur de cinéma 2K (vous la sentez l’arnaque ?).
En rouge, la résolution d’un projecteur de cinéma 4K.
Source : Slashfilm.com

Le numérique évoluant très vite, les fabricants proposent maintenant des projecteurs « 4K », avec 4 096 x 2 160 pixels. Plus de pixels sur un écran de même taille, donc ils sont plus petits, donc on les voit moins. Logique. C’est mieux. Sans être parfait. À vrai dire je considère ça comme un minimum. Seulement les salles étant déjà toutes équipées en 2K, les exploitants n’ont aucune raison de faire de nouvelles dépenses pour passer au 4K : la plupart des gens croient s’en ficher et ne se plaignent pas. Commercialement, c’est de l’argent jeté par les fenêtres. Il est même très difficile de savoir quelles salles sont équipées en 4K, et, encore pire, quels films sont disponibles en 4K (ah oui : parce que le fichier qui contient le film, celui qui remplace la bobine, peut être proposé en 2K ou en 4K : le fichier en 2K sera moins lourd donc ça coûtera moins cher à son producteur et son distributeur, alors puisque si peu de salles sont équipées en 4K, pourquoi s’embêter ? C’est le serpent qui se mord la queue).

Projecteur Sony 4K du Mk2 Grand Palais. Le spectateur a rarement l’occasion de s’en approcher si près.

L’imposant projecteur Sony 4K du Mk2 Grand Palais.

Et puis il y a un dernier élément à prendre en compte, le numérique, c’est « froid ». L’image est tellement « parfaite » (quand elle n’est pas pixélisée, ah ah) : il n’y a plus ce grain qui apparaissait sur les pellicules. Un grain qui pouvait être plus ou moins important, selon les choix du réalisateur et le budget du film, entre autres. La pellicule s’abime avec le temps, mais même les rayures avaient leur charme, un film rayé était synonyme d’un film qui avait été beaucoup projeté. Certains réalisateurs regrettent la pellicule, comme Quentin Tarentino J.J. Abrams ou Martin Scorsese. Ils n’imaginent pas travailler sans pellicule et partent même en croisade pour sauver Kodak de la faillite.

Sans parler de la conservation des fichiers numérique à long terme, qu’on ne peut pas vraiment prédire. Le consensus actuel étant que le meilleur moyen d’archiver un film numérique… est d’en tirer une copie sur pellicule 35 millimètres. CQFD.

Christopher Nolan aime la pellicule, Christopher Nolan aime l’IMAX, et Christopher Nolan se sert de sa notoriété pour sortir ses films dans ses formats préférés. Malheureusement ça reste du business, Warner tire quelques copies mais ça ne va pas beaucoup plus loin et il faut faire des pieds et des mains pour en profiter. De toutes façons la plupart des cinémas n’a plus de projectionnistes pour manipuler les machines. Ces copies ont quand-même le mérite d’exister et quitte à devoir partir à l’étranger ou traverser la France, à devoir planifier ça comme des vacances, ça reste possible. La journée cinéma remplaçant alors la traditionnelle virée au parc d’attractions.

On en revient à l’image en haut de cet article, et 17 paragraphes plus tard je ne vous ai toujours pas livré ce que vous étiez venus chercher. Alors allons-y.

Quel format pour Interstellar ?

Comme pour les derniers Batman, Christopher Nolan a tourné son film en 35 mm et en IMAX (70 mm horizontal, souvenez-vous). Les caméras IMAX faisant énormément de bruit, il est quasiment impossible de tourner des scènes de dialogue dans ce format, sans devoir tout faire postsynchroniser (doubler en studio) par la suite. Et puis ça coûte bonbon. Donc le 35 a encore de l’avenir chez Nolan. L’IMAX est réservé aux paysages, aux scènes grandioses en extérieur. Les images tournées par Nolan ont été numérisées, le film a été traité sur ordinateur (ça on n’y coupe plus en 2014), dans une très haute définition, puis une fois le montage et les effets spéciaux terminés, transféré sur différents formats exploitables dans les salles : réimprimé sur pellicule IMAX, 70 mm et 35 mm, et encodé en fichier numérique (on appelle ça un « DCP ») en 4K pour les salles classiques (que le projecteur soit 2K ou 4K, le fichier 4K reste compatible) et en fichier numérique IMAX pour l’IMAX Digital.

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Une caméra IMAX et une énorme maquette bien réelle sur le tournage d’Interstellar :
Christopher Nolan utilise le numérique avec parcimonie. (source)

Voici donc les différents formats de projection possibles pour voir Interstellar au cinéma :

Sur pellicule :

IMAX, 70 mm ou 35 mm, voir Interstellar sur pellicule est la première nécessité : parce que c’est le choix du réalisateur. Il a filmé sur pellicule, il aime le rendu pellicule, ce fameux grain. Et parce que, dans ce film en particulier, le grain de la pellicule apporte quelque chose : Interstellar est « crade ». Les tissus sont sales, les plastiques sont rayés. Les combinaisons des astronautes ne sont plus de première jeunesse, les coques des navettes spatiales sont abimées : le grain de la pellicule ajoute à cet univers, renforce ce sentiment. Il rend aussi le film moins futuriste et le rapproche de notre époque. Et puis c’est organique : la pellicule existe vraiment, elle passe entre l’ampoule et l’écran, et c’est ce qui crée l’image. C’est un putain d’objet physique qu’on voit sur l’écran, simplement agrandi par l’objectif. C’est beau.

35 mm

Le plaisir de revoir des films sur pellicule au cinéma. Ça n’est pas bien vieux. En 2009, avant Avatar, on en voyait encore partout. Ensuite les multiplexes sont passés au numérique, puis ces deux dernières années les petits cinémas d’art et essai qui n’arrivaient plus à obtenir de copies sur pellicule des films récents. On ne va plus voir sur pellicule que de vieux films dans les cinémathèques.

Du coup, profiter d’une copie neuve est déjà un petit évènement en soit. En plus ça permet de voir le film avec un rendu qui correspond mieux qu’en numérique à ce que voulait nous montrer le réalisateur, et qui sied parfaitement à l’esthétique d’Interstellar.

Où ? Dans seulement 6 cinémas en France. Dont 3 à Paris. En VF au Grand Rex, en VO au Gaumont Marignan et au Max Linder. Ma préférence ira au Max Linder qui propose probablement le son le plus puissant de la capitale et de France (hors salles IMAX). De plus j’ai plusieurs retours comme quoi la copie du Marignan est mal projetée : du grain oui, des défauts évitables non ! Franchement, aucune raison de bouder le Max, à moins d’avoir une carte illimitée Gaumont (et encore… pour une fois dans l’année, vous pouvez faire un effort…)
Ailleurs en France, le site Daily Mars a fait un travail de fourmi et rapporte le CGR de Lyon (VF) ainsi que les Gaumont de Rennes et Toulouse (VO).

70 mm

15 copies dans le monde. Dont 10 aux États-Unis. 5 en Europe. Dont 1 en France. À… Elbeuf, en Normandie.
Incroyable n’est-ce pas ? Cette bobine est arrivée en France pour une avant-première au Grand Rex, en présence de Christopher Nolan. Hélas, une fois cet évènement passé le cinéma a décidé de continuer d’exploiter le film en 35 mm. Un peu absurde. Là encore, on devine la raison purement économique : une bonne projo 70 mm nécessite un technicien compétent présent à chaque instant pour s’assurer de son parfait déroulement. Il faut notamment refaire le point constamment. En 35 c’est plus facilement la fête du slip, un type à peine formé vous rechargera le projecteur avant chaque séance et ira ensuite nettoyer les pop-corns dans la 12.

Donc, Elbeuf, Normandie. J’ai testé : c’était extraordinaire. Je n’avais vu qu’un seul film en 70 mm dans ma vie, c’était un « gonflage » (depuis une pellicule 35 mm) de Batman le défi (Tim Burton) à la Cinémathèque, dans un très mauvais état : ça n’apportait rien. Autant dire que j’étais curieux de découvrir ce que pouvait donner une « copie neuve » projetée avec amour et que j’étais déjà préparé à être éventuellement déçu.

Oh. Mon. Dieu. Sur l’immense écran (16 mètres), s’affichait une image magnifique, avec un grain très léger laissant voir le moindre détail : cette impression de finesse que l’on a parfois pendant une projection 4K, cette impression était au moins aussi forte ici. Au moins. Le projecteur de 1964, un modèle Philips qui serait considéré comme « le meilleur au monde » et utilisé au festival de Cannes (voir au bas de cet article signé par Richard Patry, le patron du cinéma d’Elbeuf) et son opérateur font des merveilles : l’image était parfaitement stable, le scintillement à peine visible sur les hautes lumières (rassurez-vous, je ne suis pas certain moi-même de comprendre cette dernière partie de phrase). Qui plus est, Richard Patry était présent et nous a passionnément ouvert les portes de la régie après la séance, aimant clairement faire partager sa passion. Un grand moment.

Des défauts quand-même ? Oui, un : le son était bon, mais comme j’avais déjà entendu le film au Max Linder, le Grand Mercure d’Elbeuf ne pouvait pas rivaliser. Personne ne peux (hors IMAX). Comme on ne doit pas être nombreux à aller voir Interstellar au Max à Paris puis à Elbeuf en Normandie, ce n’est donc pas véritablement un défaut.

Pour finir, rien de mieux que la fantastique vidéo de Richard Patry expliquant avec conviction pourquoi Elbeuf est the place to see Interstellar en France :

Cerise sur le gâteau, cette vidéo complètement WTF et jouissive est projetée juste avant le film, sur l’écran géant. Petite kiffade avant le grand saut 🙂

IMAX (70 mm)

La plus grande image possible, apportée par une pellicule lui offrant une grande qualité d’image. Les salles IMAX sont aussi équipées d’un système sonore hors du commun, Interstellar devrait faire trembler non seulement votre estomac, mais aussi les manches de votre t-shirt.

Seul problème : il n’y a plus aucune salle IMAX commerciale en France. Les dernières sont dans des parcs d’attractions (et le Futuroscope, qui en avait deux, est actuellement en train d’en démonter une pour la transformer en salle de spectacle. On en est là). Le Gaumont Disney Village en avait une, mais elle a été convertie au numérique il y a plusieurs années.

Le moyen le plus simple d’aller voir un film du circuit commercial en IMAX, c’est d’aller à Londres : au pied de la grande roue de Londres, à quelques mètres de la Tamise, la salle IMAX du British Film Institut (BFI) est très réputée. Mais il faudra être capable de suivre un film en Anglais sans sous-titres. L’expérience semble exceptionnelle et je dois toujours aller m’y faire une toile. Peut-être pas pour Interstellar, faut pas pousser, mais pour un prochain Nolan, un Mission: Impossible ou tout autre film tourné partiellement en IMAX, c’est prévu, un jour, j’irai. On peut même faire l’aller-retour dans la journée avec le tunnel sous la Manche.

En numérique :

2K, 4K ou IMAX Digital, vous avez le choix. Le numérique est maintenant partout, nous l’avons vu. Mais il est difficile de savoir à quoi on a affaire avant d’entrer dans la salle, et parfois ça ne suffit même pas. Les cinémas ne détaillent pas ou peu quelles sont leurs salles équipées en 4K, il faut harceler des employés sur les réseaux sociaux pour arriver à savoir si un DCP existe en 4K ; quand à IMAX ils ont tellement revu leur cahier des charges à la baisse en créant leur format numérique qu’on peut tomber sur une salle « IMAX » avec un écran minuscule et un son normal. Ce n’est vraiment pas sans raison que l’IMAX Digital s’est vu attribuer le surnom de « LIEMAX » (de « lie », « mensonge » en Anglais).

Projecteur numérique 2K

La projo de base. Vous voyez la majorité des films avec ça, Interstellar sera un film parmi les autres. Si on a pas le choix, faute de mieux. Si on s’en fou aussi, mais dans ce cas j’ai envie de dire pourquoi n’attendez-vous pas le DVD ? Ou le DivX que vous lirez sur votre téléphone ? Essayez quand-même de choisir une salle dont vous appréciez la puissance du son, ça sera toujours ça de pris.

Projecteur numérique 4K

Plus de finesse. De la finesse tout court en fait. Hélas, les exploitants ne communiquent pas dessus. Gaumont-Pathé l’avait fait à l’époque du dernier Batman à l’été 2012 (et c’était un peu le bordel d’ailleurs, avec des infos contradictoires et qui changeaient tout le temps).

De mon expérience personnelle, je peux conclure les choses suivantes :
– Chez Gaumont en général seule la grande salle de chaque multiplexe est équipée. Au Disney Village c’est la 1, au Gaumont Opéra côté Capucines la 1 aussi, au Marignan la 3 (officiellement) et la 5 (ça dépend des sources, mais pour moi c’est forcément du 4K). Vous pouvez vous aider de cette liste non-exaustive et ancienne.
– Chez UGC il n’y a pas de 4K. Au moins c’est simple. Sauf peut-être dans le récent UGC 19, mais je manque de sources.
– La salle A du Mk2 Bibliothèque est en 4K, mais le projecteur est tellement, tellement, tellement mal réglé que je vous implore de fuir cette salle. Même le son y est ridicule alors qu’il est exceptionnel dans les autres : allez au Mk2 Bibli, mais préférez une autre salle et profitez d’un son qui déboite sa mère, sa grand-mère et son arrière-grand-mère dans un même mouvement.

Les exploitants se fichent tellement du 4K qu’il est aujourd’hui plus facile d’être sûr d’aller voir Interstellar en 35 mm que dans un format bien dans son époque. Aberrant.

IMAX Digital

Le problème principal de l’IMAX numérique, c’est qu’il utilise des projecteurs… 2K. Si vous avez retenu la première partie de cet article (ou si vous n’êtes juste pas trop mauvais en maths), vous aurez compris que l’IMAX photographiait une image plus grande que le 70 mm, qui lui-même photographiait une image plus grande que le 35 mm, afin, toujours, d’offrir des projections toujours plus grandes mais de qualité supérieure.

Le 4K étant déjà juste bon pour les grands écrans des salles classiques, on ne s’étonnera pas que les projections numériques IMAX en 2K sur un écran gigantesque soient absolument immondes. Même depuis le centre de la salle, l’image bave, rien n’est net, c’est particulièrement moche. IMAX utilise 2 projecteurs en même temps, en arguant que 2K + 2K ça fait 4K. La belle blague. Ça fait surtout deux images 2K forcément jamais parfaitement alignées et bien trop grandes. Cette image numérique n’a plus rien à voir avec ce qu’était l’IMAX sur pellicule et se retrouve en deçà d’une projection 2K classique dans une salle de taille moyenne. D’où « LIEMAX ».

Reste le son : les salles IMAX Digital du Gaumont Disney Village et du Pathé Quai d’Ivry sont certainement les salles en France où la BO et les effets sonores d’Interstellar s’en donnent le plus à cœur joie. Ces 2 salles proposent de la VO et de la VF (enfin beaucoup de VF et une séance en VO par jour).

3 autres salles IMAX Digital Gaumont-Pathé projettent Interstellar, uniquement en VF, en France : Lyon Carré de soie, Toulouse Labège et Rouen Grand Quevilly : mais second effet « LIEMAX », je crois que certaines de ces salles sont d’anciennes salles classiques reconverties au label IMAX, mais qui conservent donc leur écran classique au lieu d’avoir un écran IMAX, quasiment carré. Idem pour le son. Je n’ai aucune idée précise pour ces 3 salles, je n’habite pas sur place.

Et puis, entre nous, si vous habitez Rouen, le Grand Mercure d’Elbeuf n’est qu’à 20 minutes en voiture. Je dis ça je dis rien, mais franchement, entre une projection numérique « LIEMAX » en VF à 13,70 € et un sublime 70 mm en VO ou VF à 8,50 €, y a-t-il vraiment à hésiter ?

Conclusion et classement :

En conclusion, il s’avère qu’il est assez facile de classer les différents types de projections argentiques, puisque chaque technique est née d’un besoin spécifique et amène ses propres avantages ; mais qu’il est bien plus difficile de faire son choix parmi les projections numériques : soit leur existence a été dictée par la seule nécessité économique (l’IMAX Digital), soit elles subissent un total manque d’intérêt des exploitants, pour les mêmes raisons. Le haut du classement a été facile à faire, le bas un peu moins :

 

1 – IMAX (70 mm) : meilleure image, meilleur son.
2 – 70 mm : image parfaite.
3 – 35 mm : image granuleuse, rayée, imparfaite dans un sens, mais parfaite pour ce film.
4 – projecteur numérique 4K : image détaillée, précise, et très pure.
5 ex aequo – projecteur numérique 2K : image manquant de détails.
5 ex aequo – IMAX Digital : image manquant BEAUCOUP de détails. Mais son qui tabasse.

 

Je peux aussi vous faire un classement des meilleures salles selon moi, encore plus subjectivement :

1 – BFI de Londres : IMAX.
2 – Grand Mercure d’Elbeuf : 70 mm.
3 – Max Linder Panorama : 35 mm, son qui tabasse.
4 – Gaumont Marignan, salle 5 : 4K, son qui tabasse. Sauf que je ne sais pas si le film en numérique est projeté dans cette salle ou dans la 3, dont je trouve le son moins bon, mais avec toujours un projecteur 4K.
5 – Gaumont Disney Village IMAX / Pathé Quai d’Ivry IMAX : « LIEMAX », mais son qui tabasse.

 

Notes de service :

Encore une fois la projection est une lubie pour moi mais j’ai pu commettre quelques erreurs. D’autre part j’ai simplifié à fond et vous trouverez ici quelques détails qui ne vous auraient pas facilité la tâche (et à moi non-plus), mais qu’il est important que vous connaissiez pour mourir moins bête (mais vous mourrez quand-même) :

– On parle de 70 mm pour simplifier, mais sur les tournages les caméras utilisent des pellicules 65 mm. C’est seulement pour la projection qu’on transfère le film sur une pellicule de 70 mm, laissant de la place pour la bande son (ou pour un code-barres permettant de synchroniser la bande son (stockée sur disque dur) et des sous-titres (sur disque dur aussi) avec la pellicule).
– Bien d’autres formats de pellicule, de projecteurs ont existé… Le 360°, le Cinérama à 3 projecteurs, …
– Dans mon appréciation des différentes projections, je n’ai pas parlé des différents cadrages : l’écran IMAX étant proche d’un carré, il offre plus d’espace en haut et en bas de l’image. Ça devient un sujet d’article à part entière : en principe seules les scènes tournées en IMAX occuperont tout l’écran. On peut dire que c’est le seul format montrant l’intégralité de ce qu’a voulu filmer le réalisateur. On peut aussi dire qu’il a pensé son cadre pour le plus grand nombre et que ce complément d’image n’est que du bonus. Je n’ai pas envie de m’en soucier : voir plus d’image mais pleurer du sang pendant presque 3 heures en « LIEMAX », quel intérêt ? Le recadrage, un sujet sans fin.

 

Image d’en-tête : flickeringmyth.com

11 réflexions sur « Les différents formats de projection d’Interstellar (et petit résumé des techniques de projection) »

    1. Timekeeper Auteur de l’article

      Au Disney Village, le film est diffusé en IMAX Digital dans la salle IMAX.

      Comme ces séances sont plus chères, premiums, le film est aussi diffusé en DCP classique :
      – si le film est dans la salle 1, il sera en 4K.
      – dans les autres salles, il sera en 2K.

      J’ajouterai que le DCP d’Interstellar est compatible avec le système « D-Box » qui fait vibrer les sièges des salles équipées : le Gaumont Disney Village en possède une, donc peut-être qu’Interstellar y est diffusé, ça je ne sais pas.

      Répondre
  1. thibratschi

    C’est sympa de se faire « livrer » comme ça un article commandé 😛 !
    Super article bien complet d’ailleurs, merci.

    Concernant l’image de ta collection de pellicules : déjà, je ne remercie pas, ça m’a rappelé que j’avais un gros morceau de pellicules (35 mm évidemment) et j’ai perdu beaucoup de temps pour retrouver le film en question, Superman Returns apparemment. Je sais pas si c’est le début ou la fin du film mais c’est suffisamment chiant d’enrouler dix mètres de pellicule à la main, j’ai pas envie d’aller plus loin pour vérifier !
    Oui, et donc, je voulais dire : on voit qu’il n’y a pas de piste sonore sur la pellicule IMAX, me semble pas que tu l’aies mentionné.

    J’aime bien ton paragraphe sur le passage à vitesse grand V au numérique. Je discutais il y a quelques semaines avec un installateur ciné qui pensait à ce moment gentiment diminuer son activité avant de prendre sa retraite et qui s’est retrouvé du jour au lendemain submergé de demande. Il a, à lui seul, fait passer plus d’un tiers des salles suisses au numérique, en quelques mois. C’est quand même étonnant comme un seul film peut tout faire changer…

    Concernant la comparaison 35 mm VS 2K, je comprend pas quand tu dis « après avoir immobilisé la qualité d’image, l’argent l’a faite régresser ». Certes, si je comprend bien, le 2K est un standard dépassé, mais il reste de meilleur qualité que le 35 mm non (sans mettre en jeu ton côté geek de fan de la « saleté » de la pellicule) ? Quelle est environ la résolution d’un film projeté en 35 mm ?

    A part ça, je sais que t’en vraiment enthousiaste sur l’IMAX, mais les quelques vraie séances IMAX que j’ai pu voir (des documentaires ou attractions de moins d’une heure, au Futuroscope, au Musée Suisse des Transports, au Centre des Sciences de Montréal, au Grand Canyon IMAX, à Soarin’ de Disney California Adventure, à Soarin’ à EPCOT, au Simspons Ride de Universal studios Hollywood et au Simpsons Ride de Universal Studios Florida) m’ont vraiment déçu. Gros manque de luminosité et qualité d’image pas si exceptionnelle que ça. Du coup j’ai du mal à comprendre ton enthousiasme et je me demande toujours si j’ai loupé quelque-chose.

    Et ça m’amène à me demander ce que sera le futur : on a beaucoup parlé de l’iMac 5K, quand c’est qu’on arrivera à faire un écran de cette qualité suffisamment grand pour un cinéma ? Luminosité parfaite, image irréprochable, ça serait le rêve non ? Je comprend pas qu’on n’entende pas parler (à moins que ça soit le cas mais que je ne m’y intéresse pas assez) d’autres solutions que la projection.

    Pour conclure, j’ai fait quelques recherches pour la Suisse… Apparemment aucun cinéma ne passe Interstellar version pellicule. Le seul qui serait équipé, l’IMAX du Musée Suisse des Transports à Lucerne, le passe en IMAX Digital (une des deux seules salles suisse à le faire, l’autre étant à Genève).
    J’ai fait une petite recherche sur le 4K, seules deux salles (en Suisse allemande) communiquent dessus… Même le récemment rénové Pathé Balexert de Genève ne semble pas équipé (en tout cas au milieu de tous les termes techniques pour impressionner les non-connaisseurs il n’est écrit nul part « 4K »). Donc sur tout le pays que du 2K et deux salles en IMAX Digital…

    Bref, voilà pour ce long commentaire. J’attend avec impatience une suite sur les systèmes pour la 3D (et le HFR) et la sonorisation 🙂 !

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    1. Timekeeper Auteur de l’article

      De rien Thibault, merci 😉
      Alors, je vais tâcher de répondre point par point (tu fais des commentaires proportionnellement aussi longs que mes articles ^^)

      Pour la piste son sur l’IMAX : en effet, non seulement je n’en parle pas, mais en plus je m’interrogeais à ce sujet avant-hier en regardant côte à côte le morceau de pellicule 70 mm et mon morceau IMAX de Planète bleue. Et à cet instant je n’avais pas de réponse. Mais le hasard faisant très très bien les choses, le lendemain, hier, je pouvais poser la question à un projectionniste de la Géode <3
      Donc résumons : en 70 mm, avant tu avais des pistes son magnétiques sur les bord (marron comme la bande d’une cassette audio). En photo sur Wikipedia : http://commons.wikimedia.org/wiki/File:70mm-Film.jpg?uselang=fr ou en shéma ici : http://education.lenardaudio.com/en/17_cinema_2.html).
      Et maintenant tu as une sorte de code-barre, visible à droite sur mon morceau de Faubourg 36 : il sert à synchroniser tout équipement compatible avec le projecteur. Grace à ça une copie 70 mm moderne est dite « internationale » : elle ne contient que l’image. Donc grâce au codebarre, un timecode, tu synchronises un fichier son (Elbeuf a reçu 2 fichiers son sur disque dur, la VO et la VF) et si tu le souhaites, un fichier de sous-titres.

      Un mot sur ces sous-titres, parce que c’est génial. Comme au théâtre où dans de rares cas au cinéma, il faut alors afficher ses sous-titres séparément. Au choix, un écran vidéo (à la Cinémathèque ou au théâtre du Châtelet, ce sont des matrices de LED oranges), un rectangle blanc sur lequel un petit vidéo-projecteur viendra projeter (beaucoup d’opéras font ça), ou bien, toujours un petit vidéo-projecteur, mais qui viendra projeter directement par dessus l’image du film. C’est assez amusant parce que ça fait des sous-titres légèrement transparent, et un halo de lumière autour (très très très discrêt, on l’oublie très vite).

      En photos :

      lecteur de timecode avant l’entrée dans le projecteur.
      Le lecteur de timecode avant l’entrée dans le projecteur.

      Dans un coin de la régie, le vidéo-projecteur de sous-titres. Un masque en carton noir l'empêche de former un halo trop grand autour des sous-titres. Comme le halo disparait entre chaque réplique, je devine que l'appareillage devant permet d'occulter totalement le rayon quand aucun texte n'est projeté.
      Dans un coin de la régie, le vidéo-projecteur de sous-titres. Un masque en carton noir l’empêche de former un halo trop grand autour des sous-titres. Comme le halo disparait entre chaque réplique, je devine que l’appareillage devant permet d’occulter totalement le faisceau quand aucun texte n’est projeté.

      Et là je réalise que je n’ai pas encore répondu à ta question : oui, donc, j’ai demandé au projectionniste de la Géode, et en IMAX c’est le projecteur qui fourni le timecode. En gros on peut dire qu’il compte les images. Les conditions de visite étaient un peu particulières, j’étais un peu pris de court, du coup je n’ai pas noté tout ce qu’on m’a dit, notamment comment s’appelle cette technique 😮

      Pour finir, quand je choisissais mes morceaux de pellicule avant-hier, j’ai vérifié que ceux de la Vienne dynamique et de Star Tours, tous deux en 70 mm (plus ou moins…) classique, n’avaient pas non-plus de piste son. Mais a priori pas de timecode intégré non-plus. C’est sans doute le projecteur qui s’en charge là aussi, ces deux attractions étant des créations bien spécifiques.

      NEXT !

      J’espère que ton installateur en a profité et a eu une belle retraite dorée 🙂

      NEXT !

      35mm contre 2K. Huuuuum… c’est tellement difficile, c’est en partie du ressenti, et en parti de la mauvaise volonté des salles, dans les 2 cas.

      Car il y a de très belles projections numériques 2K : le projecteur numérique du Max Linder Panorama, utilisé pour la quasi-totalité des projections maintenant (toutes sauf Interstellar, en fait) est un 2K. Pourtant l’image est magnifique. Il parait que l’optique a été choisie avec le plus grand soin. Si on le dit ^^ En plus il est grandement déporté sur le côté de la salle, pourtant l’image reste magnifique : elle ne parait pas déformée.

      Mais le passage au numérique s’est fait tellement vite qu’il a été fait dans la précipitation. Chez UGC l’image est très très sombre dans énormément de salles (en général, leurs multiplexes Ciné Cité). Au Mk2 Bibliothèque l’image est en général très lumineuse, mais on a conservé les projeteurs argentiques au centre de la cabine : le projecteur numérique est déporté parfois très au bord de la salle, ce qui produit une image trapézoïdale très bizarre. Tout ce qui doit être horizontal (les horizons…) est penché. (anecdote : pourtant les sous-titres sont droits. Il y a une pirouette quelque part que je n’arrive pas à m’expliquer).

      Et bien sûr, le fait que l’image ne soit (je vais être gentil, aller dans ton sens) « pas plus détaillée qu’en 35 mm ».

      Le 35 mm c’est mieux ? Nan, le 35 mm il est victime du capitalisme lui aussi : il y a différents moyens de tirer des copies 35. Que je ne maitrise pas, mais en gros je crois qu’on peut faire ça sérieusement, de pellicule à pellicule, avec des négatifs, tout ça ; ou depuis une sorte d’écran LCD vers la pellicule, comme un télé-cinéma à l’envers. La vitesse de copie, la qualité de la pellicule, doivent jouer aussi.
      Et à la projection c’est pareil : selon l’entretien du projecteur, la formation du projectionniste (et le temps qu’on lui alloue pour contrôler la projection), l’image sera plus ou moins nette, plus ou moins stable, et la pellicule s’usera plus ou moins vite.

      C’est une réponse de Normand j’en conviens : il y a de bonnes projections 2K (hyper rares, mais hyper qualitatives, donc c’est possible), comme il y a de mauvaises projections argentiques.

      J’aurais quand-même un véritable argument pour le 35 : ses défauts changent à chaque image. Le grain, les rayures, bougent. En 2K, la grille de pixels est fixe. Si tu es trop prêt de l’écran, tu peux commencer à compter les pixels depuis un coin de la toile. Mais il y en a quand-même plus de 2 millions ^^ Voir un film au premier rang en 35, ça doit rester possible. En 2K, tu me feras jamais faire ça.

      NEXT !

      Les qualités de l’IMAX. Pareil : question de savoir faire. J’ai trouvé l’image de Soarin assez crade. Au Futuroscope en général je trouve que c’est bien projeté, même si souvent ça tremble un peu. Dans ce que tu cites le seul que j’ai trouvé sombre, mais alors très très sombre, c’est The Simpsons Ride, seulement je crois bien que c’est du numérique. Un système batard avec plusieurs projecteurs et des images mises bord à bord, comme dans un planétarium. Je n’ai pas réussi à trouver d’infos là-dessus, mais j’ai vu plusieurs optiques au centre de la salle, certaines plus longues que d’autres, et eu l’impression que la luminosité n’était pas répartie de la même façon partout sur le dôme. Je dirais qu’ils ont voulu passer au numérique trop tôt alors que rien ne remplace encore l’OMNIMAX.

      Mais en fait comme on parle de parcs, je vais me répéter : c’est bel et bien l’attention portée à la projection qui compte.
      En Floride j’ai fais un bon paquet d’attractions utilisant la projection argentique. J’ai été très déçu par les projections à Walt Disney World : It’s a Bug Life était tremblotante, les images mal synchronisées, bref ça se barrait en couille.
      Même dans un truc tout con comme le petit musée sur Walt Disney des Disney’s Hollywood Studios, qui propose à la sortir un petit film d’archives en noir et blanc tout ce qu’il y a de plus simple, l’image tremblait scandaleusement. Mais vraiment : c’était difficile à regarder tant chaque image n’apparaissait pas à la même hauteur que la précédente.

      Et pourtant, Captain EO c’était mieux. Détail amusant : l’astéroïde au début, qui faisait super mal aux yeux à Paris peu avant sa fermeture (ils avaient pourtant reçu des bobines neuves soit disant), passait super bien. Ça alors. Étrange…

      Et pourtant, à côté de ça, il y avait Muppet’s Vision 3D : film en relief, technologie identique à It’s a Bug Life, MAIS sans défaut critiquable. Les 2 projecteurs étaient simplement très bien réglés.

      Et dans le même temps, à Universal, il y a Terminator 2 – 3D : 3 écrans, 6 projecteurs et… un réalisme époustouflant. Absolument aucun tremblement. Absolument aucune rayure. Absolument aucun défaut d’alignement des filtres avec les lunettes. Il m’arrivait même de fermer un œil pour observer une seule image à la fois, pour essayer de les prendre en défaut : que dalle ! C’était plus que parfait. Vraiment. Parfaitement parfait.

      Fin de l’anecdote.

      NEXT !

      Les écrans du futur. Ça arrive. Les écrans sans projection, type écrans d’ordi, c’est très probablement l’avenir. Les fabricants le pensent et planchent dessus. Mais ça reste du moyen terme.
      À court terme l’avenir c’est la projection laser, qui pourrait enfin se mesurer aux salles IMAX. Après être restée un rêve pendant de nombreuses années, Barco et Christie ont fait des démos au début de l’année dans des salons professionnels américains. Barco annonçait (http://www.hollywoodreporter.com/behind-screen/cinemacon-barco-christie-previewing-4k-690620) commencer à en installer dès cette année, Christie dès l’an prochain, je ne sais pas où ça en est.
      Il fût un temps où le Futuroscope les attendait aussi avec impatience, un temps pas si lointain puisque l’hiver dernier ils s’imaginaient encore remplacer le double projecteur de l’IMAX 3D par du laser numérique dès cette année, au moins faire des tests. Finalement il transforment la salle de ciné en salle de spectacle, BIM.
      J’ai très très TRÈS envie de voir ce que ça donne. Très très TRÈS hâte de pouvoir en voir de mes yeux.

      NEXT !

      Le Pathé Balexert. En effet ils ne sont pas loquaces. Tout au plus, je vois que la salle 7 est équipée de quelques sièges D-Box (comme la 1 du Disney Village) et du son ATMOS (comme quelques salles du Pathé Welper et du Pathé Beaugrenelle à Paris), et que toutes les salles que je viens de citer sont en 4K.
      D’un autre côté je tombe sur ce site : http://www.r2d1-dts.com
      Ils semblent adorer parler de leurs installations de projecteurs 4K, j’apprend (news de mars 2014) que le Pathé Le Mans aurait toutes ses salles en 4K (bravo !) mais pour ton Pathé Balexert (news de septembre 2013) ils ne parlent que de l’ATMOS dans une salle.
      Et oui, on communique mal sur le 4. Pourquoi ? Quel gâchi.
      Ah, parfois on te présentera ça comme une salle « HD ». C’est ce que fais le Mk2 Bibli par exemple : pour eux leur salle A est « HD », car équipée d’un projecteur 4K. (au résultat immonde je le rappelle, l’une des images les plus mal réglées que je connaisse).

      NEXT !

      Ah non, pitié, tu m’épuises ! :-p
      Et ça devient un petit peu compliqué pour moi, ce que tu me demandes là. Oh, remarque, ça demanderait juste un petit peu de renseignements 😉

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    2. Timekeeper Auteur de l’article

      Thibault, j’ai oublié de te répondre sur l’équivalence en pixels d’une pellicule 35 MM, je ne le ferai pas ce soir c’est trop tard, mais disons que c’est compliqué à estimer, que je googlerai avant de me prononcer et je pense que ma réponse sera loin d’être fiable. Déjà pour le 70 mm ou l’IMAX selon le projectionniste qui te fais l’article les réponses sont très fluctuantes.

      Perso je ne suis pas sûr que la comparaison soit valable de toutes façon. Une image sur pellicule n’a aucun pixel, c’est une copie exacte de la réalité, altérée par le grain qui change a chaque image. C’est comme ça que je le vois.

      En fait c’est super chiant comme question, je crois que mon cerveau l’a oubliée volontairement 8D

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