C’est dimanche, vous vous ennuyez, affalé sur votre canapé, devant la télé, vous zappez péniblement : exercer une pression du pouce sur la touche « programme + » n’est pas une tâche facile. Vous êtes lucide, vous savez que vous ne tiendrez pas longtemps dans ces conditions. Vous allez finir par lâcher prise. Peut-être votre main va-t-elle échapper la télécommande sur les Anges de la téléréalité. Ou pire, sur BFM TV. Quand soudain, au milieu de cette journée morose, surgit un éclair de bonheur, venu depuis la nuit des temps jusque sous les projecteurs : un épisode de MacGyver. Ça ne rendra pas la journée productive, mais au moins vous aurez pris du plaisir. Votre pupille s’agrandie, votre cœur redémarre : vous vous sentez… vivant !
Seulement quelque chose vous dérange. L’image semble sombre. Votre télé est bien réglée d’habitude, ça ne vient pas d’elle. Ni de la chaine (TMC ou D8, selon les années), vous y regardez parfois des films ou des reportages, sans être dérangé. Mais là, ça manque de détails. L’image parait vraiment manquer de contraste : tout ce qui semble devoir être sombre est ici noir. Était-ce comme ça quand vous étiez enfant ? Sur la vielle télé cathodique des années 80 de vos parents, au tube très gris, au verre très brillant, le contraste n’était déjà pas top par nature, alors si l’image avait été aussi sombre, vous n’auriez rien vu, pourtant vous regardiez MacGyver, vous vous en souvenez.
Alors serait-ce votre vue qui commence à baisser ? Non. Je vous le confirme : ça me fait ça aussi. Et le pire, c’est que ce n’est pas uniquement sur les très vielles séries. On peut constater la même chose sur celles des années 90. Dernièrement, j’ai vu ça sur Stargate SG-1 et en ai profité pour faire des captures d’écran. Je suis désolé de vous l’annoncer tout de suite : je n’ai pas d’explication. Par contre, j’ai des preuves. C’est un bon début.
Ce jour là NRJ12 diffusait l’épisode « les Doubles robotiques » (« Tin Man », saison 1 épisode 19, 1998).
Je tombais sur la fin de l’épisode, qui se déroule dans une base souterraine, donc particulièrement sombre. Mais quand-même. Sombre à ce point là ?
Ça en est trop, je veux savoir : je descends dans les couloirs sombres des Internets, me faufile entre les prostituées en GIF et les pompes à pénis au clignotement incessant pour trouver ce que j’étais venu chercher : une version pirate de l’épisode en DVD. Que ne ferais-je pas à des fins documentaires. Et ça valait le coup car le constat est sans appel :
Alors c’est ça le futur ? C’est très sombre…
Que faut-il en conclure ? Je ne sais pas. Je suis maintenant certain que ces séries sont diffusées trop sombres. Mais la question demeure : pourquoi ?!
Au départ je songeais à un problème de conversion de vielles cassettes : j’imaginais que jusqu’à l’arrivée de la diffusion numérique, les chaines françaises possédaient encore leurs vielles séries des années 80 sur cassettes Betacam. Profitant de l’arrivée de la TNT, puis de la HD, pour refaire toute leur installation, elles auraient pu numériser ces cassettes sur des serveurs numériques (à disques durs) mais le faire trop vite, sans porter attention aux réglages et au résultat. Mais cette explication sortie de mon chapeau ne tient pas pour Stargate SG-1 : NRJ12 propose les épisodes avec le générique américain (images différentes, textes en anglais) ce qui prouve qu’ils ont des copies récentes, ils n’ont pas récupéré les cassettes d’M6 dans un vieux carton moisi.
Pourquoi les séries de notre enfance sont-elles si sombres sur la TNT ? La question reste posée. Mais je ne désespère pas d’y répondre un jour.