Quand MacGyver (2016) fait ses courses en France

Le reboot/remake de MacGyver entamé en 2016 sur CBS a beau être produit par le producteur original de la première série MacGyver et par James Wan, réalisateur de Saw et Conjuring, c’est un foirage total. J’ai pris le temps de regarder toute la saison 1 pour tenter de comprendre, et j’espère trouver le temps de vous écrire le récit de cette plongée en enfer.

Mais aujourd’hui je veux vous parler d’un petit point de détail de l’épisode 16 de la saison 2, « Lune de miel » (« Hammock + Balcony »). Le scénario emmène l’équipe de la Fondation Phoenix jusqu’en France, posant ses valises dans un hôtel chic de la région de Bordeaux (parce que France = vin, toujours, pour les Américains !).

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Pour nous planter le décor on commence tout de suite par des vues bien clichées sur des vignes et des gens trinquant, tandis que le synthé précise qu’on est dans une région viticole (le précédent synthé « Bordeaux, France » et les images d’illustration, ce n’était pas suffisant).

Et puis vous vous souvenez des chansons de Karl Zéro dans X-Files ? Ici, une chanson française, qui devait sonner mélodieusement aux oreilles des producteurs, mais totalement méconnue en France : « Je suis (tu hais) » par le groupe Kiz. Je vous propose le clip, mettez-vous dans l’ambiance, la chanson est cool, le clip aussi :

Amusant, mais rien que du très classique jusque là. Seulement voila, ayant une dangereuse mission à accomplir, et devant se débrouiller avec les moyens du bord, MacGyver décide à un moment donné de réunir des produits ménagers. Parmi eux, on identifie un dissolvant pour les ongles, de l’eau de javel et un produit à vitres.

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Du pain

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Le cas du dissolvant est déjà étrange : sur l’étiquette, le mot le plus mis en valeur est « acétone ». Et en dessous « vernis à ongle dissolvant ».

J’ai vaguement enquêté, et il semble qu’aux USA le mot acétone ne soit pas aussi inquiétant qu’en France, où les produits chimiques sont mal vus par les consommateurs. Ainsi, on trouvera nombre de dissolvants vendus avec le mot « acétone » bien mis en valeur sur l’étiquette. Et dans bien des cas, on pourra lire en dessous « nails polish remover », ce qui se traduit littéralement par « vernis à ongle dissolvant ».

Vous aurez releé que le flacon utilisé par MacGyver semble être un modèle typique aux USA pour les dissolvants à ongles.

En France, le mot acétone inquiète, c’est chimique, c’est forcément mauvais pour le corps humain. Le « sans acétone » est un bon argument de vente. J’ai même trouvé des dissolvants Bourgeois sans acétone qui ne le précisent pourtant pas, sans doute pour ne pas afficher cet horrible mot et jouer plus sur l’aspect coloré rassurant du flacon.

Du vin

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De façon générale, les visuels créés pour cet épisode sont graphiquement réussis. Le logo de l’eau de Javel évoque totalement une eau de javel, on pourrait quasiment la vendre telle qu’elle. Bon, les mots « eau de Javel » semblent quand-même générés dans WordArt 🙃

Beaucoup de texte au verso de la javelle, malheureusement illisible. Tout au mieux lira-t-on, rédigé au masculin, que c’est l’ « original » (passe encore) et qu’elle est « concentré » (passe beaucoup moins de mon point de vue).

Enfin, une rapide étude ethnologique sur Google Images nous ferra constater que la forme du contenant est bien plus proche des habitudes états-uniennes que françaises :

L’eau de Javel aux USA.

L’eau de Javel aux USA.

L’eau de Javel en France.

L’eau de Javel en France.

Pour la forme, étant de passage en Espagne au milieu de la rédaction de cet article, j’ai aussi pu regarder la forme des bouteilles de Javelle dans ce pays :

Une eau de Javel en Espagne.

Une eau de Javel en Espagne.

Du Boursin

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Et nous voici arrivés au plat de résistance, l’image qui a fait tilt dans ma tête, celle par qui tout a commencé, avec laquelle on peut vraiment s’amuser : le nettoyant à vitres !

Ou plutôt, le « laveur de vitres », comme l’indique l’étiquette. J’avoue, ça pourrait faire un super titre marketing, donnant l’impression que ce produit est tellement efficace qu’il va laver les vitres à votre place, comme un véritable laveur de carreaux humain (un métier que Wikipedia répertorie à « laveur de vitres » d’ailleurs). Mais non. C’est juste une mauvaise traduction de « glass cleaner ».

En bas, on trouve une information redondante : ce produit est un « Nettoyeur de Vitre », avec des capitales à tous les mots importants, comme souvent en anglais. Et au dessus, une allégation étrange : « ÉCLAT SANS STRIE » ¿! J’applaudi la présence de l’accent sur une capitale, mais… sans strie ?

Un produit lui aussi « original » : ouf, nous voila rassurés, avec toutes ces traductions dignes d’un produit chinois, on aurait pu croire à une contrefaçon.

Ça, c’est pour le recto. Car le réalisateur va aussi nous donner à voir le verso du contenant. C’est là que j’ai réellement tilté et c’est là qu’on s’amuse vraiment !

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Permettez-moi de vous faciliter la lecture :

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Le « Fonctionne Bien Sur » avec ses capitales pique un peu. Là encore, les accents sont présents, beau boulot. On notera le manuel d’utilisation écrit en français, sous la main de Mac, et en anglais, bien visible, peut-être pour ne pas totalement perdre le spectateur Américain qui prendrait le temps de faire un arrêt sur image.

En bas, des consignes de sécurité, en français également, qu’il serait compliqué de déchiffrer en entier mais qui semblent bien (au moins aussi bien que le reste, quoi) traduites.

Toutes ces lignes sont des traductions bêtes et méchantes d’étiquettes en anglais, comme le prouvent les expressions qui ne veulent rien dire. Le plus simple est de googler les instructions en anglais présentes sur l’étiquette : « For best results, spray and then wipe ». Et là, c’est magique : vous tombez sur des fiches produits sur des e-commerces. Notamment celle-ci, sur laquelle on peu tout particulièrement lire « Streak-free shine », qui se traduira littéralement par « éclat sans strie ». Sur cette autre fiche, on lira « Works great on: Countertops. Glass & mirrors. Appliances. », ce qui reprend pile-poil notre encadré « Fonctionne Bien Sur ».

Mais il y a encore plus drôle. Il y a la colonne de droite. Une autre liste de surfaces sur lesquelles le produit peut être appliqué. Et là par contre, ça coince. Et ce n’est plus la traduction française le problème.

L’avant dernière ligne dit « Et beaucoup plus ». OK, c’est normal. C’est la traduction du « & much more » qu’on retrouve sur de nombreux produits et c’est très souvent le cas en français également.

Mais la dernière ligne, elle, indique « Apprendre encore plus ». Qu’est-ce que c’est que ça ? Oh, tout simplement qu’à chopper le résumé des étiquettes qu’on trouve sur les fiches produits sur internet, au lieu de se baser sur de vraies étiquettes, on fini par copier/coller la ligne « Learn more » qui sert à cacher et dérouler un texte trop long sur n’importe quelle page internet, et tout particulièrement sur une interminable fiche produit ! Et ça en est la traduction littérale proposée par Google Translate.

Fingers in the nose.

Fingers in the nose.

GG les gars !

 

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